5 décembre 1944

Après avoir perdu manifestement son cap alors qu’il devait faire escale à Marseille pour rejoindre les Indes, un avion militaire Anglais de type Dakota heurta la crête de la montagne le 5 décembre 1944 et fut précipité quelques 100 mètres plus bas, se disloquant dans le pierrier émergeant de la neige. À son bord, vingt pilotes de planeurs du « Gilder Pilot Regiment » et trois membres d’équipages de  la Royal Air Force. Six militaires seulement survécurent. Deux d’entre eux se lancèrent dans une descente dantesque pour aller chercher du secours dans un environnement hivernal inconnu et hostile.

Ignorant tout de leur localisation et de la direction à prendre, perdus dans la neige, ils suivirent tant bien que mal un ruisseau, puis des chemins de purge forestière pour parvenir enfin à Mijanès après plus de quatre heures d’efforts surhumains, le moins blessé soutenant le plus gravement atteint.

L’alerte fut donnée auprès des autorités, le soir même deux colonnes partirent du village sans trop savoir où se trouvait l’épave ; elles rebroussèrent chemin à cause des intempéries et c’est seulement le 7 décembre après que la tempête de neige se fut calmée qu’une colonne de villageois d’Artigues, suivie de celle de Mijanès, atteignit le site du crash. Découvrant l’horreur parmi les décombres de l’avion brûlé, ils purent néanmoins secourir quatre survivants réfugiés dans la queue de l’avion, seule partie presque intacte.

Les jours suivants la tempête empêchât les secours de remonter vers la Camisette et c’est seulement à partir du 10 décembre et jusqu’au 17 que la descente des morts put s’effectuer avec le soutien de cent-quarante hommes du FFI stationnés en Haute-Garonne. La dernière victime ne fut descendue qu’au printemps.

Onze furent inhumés durant une dizaine d’années dans le cimetière de Mijanès, sur l’emplacement dit du « Carré des Anglais », avant de rejoindre les sépultures de leurs camarades au cimetière militaire de Mazargues (Bouches-du-Rhône).

En ces jours de décembre 2021 particulièrement enneigés, nous pouvons nous imaginer le drame qui se jouât et nous remémorer l’héroïsme de ces hommes, le courage des villageois sauveteurs, l’empathie des femmes du village de Mijanès accueillant les deux blessés et faisant la toilette mortuaire des victimes.