La vierge médiévale de Rouze (XIII° siècle) a connu bien des aléas.

Trouvée dans les décombres de l’église de Saint-Pierre-à-la-Croix vers le milieu du XIX° siècle (1), cette statuette d’à peine 61 cm de haut fut déposée dans l’église de Rouze. Sanctuaire dont on trouve la première mention au début du XII° siècle.

La statuette fut dérobée après la deuxième guerre mondiale, retrouvée dans des conditions non documentées, elle fut enchâssée par précaution dans le ciment d’une fenêtre latérale de l’église.

Il s’agit d’une sculpture en bois polychrome, vraisemblablement de tilleul, de petite dimension (61 cm de haut). Son style iconographique est typique de l’âge roman apparu dès le XI° siècle. La vierge est représentée selon le genre « Trône de sagesse », mais ici l’enfant est debout et non assis sur l’un des genoux de sa mère. Ses bras sont manquants (lacunes), néanmoins, il est possible de reconstituer ses gestes si l’on considère qu’il est apparenté au style Byzantin: il bénissait de la main droite et tenait un livre ou un globe terrestre de la main gauche.

L’ensemble est daté de la moitié du XIII° siècle car les expressions souriantes des personnages et le drapé du manteau de la Vierge marqueraient l’arrivée de l’humanisme gothique.

La statuette a été classée au titre des Monuments Historiques le 30 septembre 1911.

Il est intéressant de mettre en comparaison cette dernière avec la Vierge en Majesté de la fin du XIV° siècle de l’église de Mijanès. Le siècle qui les sépare montre les changements stylistiques qui se sont opérés durant cette période.

À l’occasion de l’exposition 2018: « Dialogues, art sacré-art contemporain« , Madame Saint-Martin (2) diligenta une visite des églises du Donezan, à l’issue de laquelle une démarche a été entreprise auprès du maire de Rouze afin d’ envisager la restauration de cette statuette.

Le conseil municipal ayant donné son accord la procédure fut lancée.

Elle subit quelques retards dus à des questions administratives, d’expertises et aussi financières auxquelles vint s’ajouter la crise sanitaire.

Son enlèvement pour un diagnostic a été effectué et le rapport a été restitué (3). Le travail de restauration proprement dit va donc pouvoir commencer.

Dans le rapport de diagnostic, il est noté la présence de traces de brulures sur la partie du socle qui fut scellée dans le ciment, ainsi qu’en d’autres endroits sous les couches de repeints, ce qui pourrait accréditer le fait que la statuette eut pu réchapper à un incendie.

Après sa restauration, la statuette sera présentée différemment, peut-être sur un socle et sous une vitrine sécurisée.

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(1) – Fait mentionné dans l’ouvrage consacré à l’Histoire de la vallée de l’Aude par l’abbé de Roquelaure, p.62 de l’édition de 1986 (éd. Belisane).

(2)- Chef de service COMPA (conservation, musées, patrimoine et archéologie) du Conseil départemental de l’Ariège.

(3) – L’expertise a été effectuée par Madame Lorraine Jacquot de l’atelier d’Okorre (Pyrénées-Atlantiques) qui va en assurer également la restauration.